Le magazine Forbes Afrique donne la parole à Julien Achille Agbe, ambitieux jeune homme de 28 ans qui présente Ivoire Business Angel comme un nouveau mode de financement des entreprises en Côte d’Ivoire.
Apparus dans les années 1960 aux États-Unis, les business angels (en français, « anges financiers ») sont des particuliers qui utilisent leur surplus d'argent pour investir dans des entreprises prometteuses, mettant également à contribution leurs connaissances, leur expertise et leur expérience pour favoriser le développement de ces dernières. À l’exception notable de l’Afrique du Sud, du Nigeria et du Kenya, l’activité de business angel demeure encore à l’état embryonnaire en Afrique subsaharienne, particulièrement dans les pays d’Afrique francophone. Toutefois, les choses semblent évoluer dans la bonne direction. Forbes Afrique donne la parole à Julien Achille Agbe, ambitieux jeune homme de 28 ans qui présente Ivoire Business Angel comme un nouveau mode de financement des entreprises en Côte d’Ivoire.
Forbes Afrique : Pouvez-vous présenter Ivoire Business Angel en quelques mots ?
Julien Achille Agbe : Ivoire Business Angel réunit des personnalités issues du monde des affaires, soit près de 150 chefs d’entreprise et cadres supérieurs sélectionnés pour leur professionnalisme et leur influence dans leurs secteurs d’activité respectifs, qui investissent dans des PME et des start-up ivoiriennes à fort potentiel de croissance. Ces derniers sont recrutés essentiellement par voie de cooptation ou de recommandation. Le réseau est né en 2014 sous l'impulsion d’EIC (Eagle Investment Capital) Corporation, une structure qui s’est imposée rapidement comme pionnière en matière d’investissement individuel en Côte d’ Ivoire. Il se consacre également au coaching et à la formation à travers un programme d’accélération sponsorisé par Microsoft.
F.A : Quelles sont les modalités d'intervention des business angels issus de votre réseau ?
J.A.A : Le « ticket d’investissement », c’est-à-dire la somme annuelle investie par un particulier, est de 500 000 FCFA sur une période de 5 ans. Au-delà de cet apport obligatoire, chaque business angel peut fixer à sa guise le montant de la participation dans la limite de 33 % du capital de la société. Les accords conclus dans le cadre du pacte d’actionnaires prévoient que les investisseurs soient présents dans le capital de l’entreprise sur une durée qui varie de 5 à 7 ans. Au terme du contrat, la sortie des business angels du capital peut être réalisée soit par le rachat des titres par l’entrepreneur, soit par la revente des actions à de nouveaux anges financiers, ou encore par une introduction de la société à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan. Les membres du réseau Ivoire Business Angel se répartissent en plusieurs groupes pour procéder au due diligence, c’est-à-dire à une analyse approfondie de l’entreprise sous différents angles : juridique, comptable, financier, commercial, managérial ou technologique, dans le but de déceler d’éventuels écarts entre les hypothèses formulées dans le business plan et la situation réelle de la société.
F.A : Quels sont vos critères de sélection concernant les projets qui souhaitent obtenir des financements ?
J.A.A : La sélection se fonde sur le potentiel de développement offert par la société, l’innovation ou l’originalité, la vision que le dirigeant a de son affaire, le potentiel de création d'emplois généré par l’entreprise et la structure financière. Ivoire Business Angel cible principalement les entreprises en phase d'amorçage. Sous le parrainage du ministre des PME et de l’Entrepreneuriat, Ivoire Business Angel lancera le 4 mai prochain une campagne de financement baptisée IBAN 2016 dans les locaux de la Chambre de commerce. J’invite donc les entrepreneurs à peaufiner leur business plan et à se préparer au mieux pour un audit organisationnel dans le cadre du due diligence.
F.A : Selon vous, pourquoi existe-t-il si peu de business angels dans les pays d’Afrique francophone ?
J.A.A : En Afrique francophone, le système éducatif privilégie la sélection opérée sur la base du diplôme obtenu – et non sur l’expérience –, d’autant plus que les entrepreneurs sont montrés du doigt pour leur manque d’esprit de compétition. Ce conditionnement culturel déteint sur leur réactivité entrepreneuriale, ce qui les amène à se montrer exagérément prudents. Ils ne prennent jamais de risque et ont peur de l’inconnu ou de l’échec. De ce fait, les entrepreneurs fortunés possédant le profil idéal pour exercer le métier de business angel n’investissent pas dans d’autres PME ou start-up, contrairement aux pays de la sphère anglophone, car ils ont peur du lendemain.
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F.A : Comment l'État ivoirien peut-il favoriser l’activité de business angel ?
J.A.A : Les business angels jouent un rôle-clé dans le soutien à l'initiative privée et la création d’emploi. De ce point de vue, l'État ivoirien devrait créer une disposition qui permettrait à ces investisseurs de bénéficier d’exonérations fiscales et sociales importantes.
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