Un seul pays d’Afrique dispose de ressources financières suffisantes pour abriter cette compétition internationale, adaptée à l’ère moderne par le Français Pierre de Coubertin, qui a lieu tous les quatre ans. Cependant, les répercussions économiques générées par des investissements de cette nature seraient difficilement chiffrables.
L’un des événements sportifs les plus médiatisés de la planète, les Jeux Olympiques d'été, se déroulera du 24 juillet au 9 août 2020 à Tokyo au Japon, une occasion pour chacun de nous de se demander si un pays africain est capable d’organiser cette compétition mondiale de prestige. Selon Leonardo Gryner, le directeur général du Comité d'organisation des Jeux Olympiques de Rio 2016, les travaux effectués dans la ville sud-américaine auront coûté près de 10 milliards d’euros. Par ailleurs, un audit de l'administration publique japonaise daté du mois d' Octobre 2018 dévoile que les différents ministères et agences gouvernementales avaient déjà consacré 6,25 milliards d’euros à des projets olympiques, sur la période 2013-2018. A titre de comparaison, ces deux montants dépassent les budgets du Congo-Brazzaville, du Tchad, du Burundi et de la Centrafrique réunis.
« Cela requiert beaucoup d'investissement et un concentré de technologies », avait déclaré Jean-François Lamour, à qui l’on avait demandé, il y a de nombreuses années, si l’Afrique serait en mesure d'abriter les jeux, lorsqu’il était ministre des sports sous la présidence de Jacques Chirac. Autrement dit : le continent africain ne disposerait pas des moyens financiers nécessaires. Qu'en est-il de la réalité ? Une ville candidate doit pouvoir offrir un réseau de transport de qualité, un aéroport de classe internationale, un ensemble d’infrastructures sportives modernes, un parc hôtelier riche et varié. Elle lui faudra également disposer d’un budget colossal consacré à la sécurité et la propreté par exemple. Au vu de ces différents critères, Cape Town, la capitale législative de l’Afrique du sud, semble correspondre le mieux à cet idéal.
« En 1997, la ville de Cape Town avait présenté une candidature aux Jeux Olympiques de 2004. Elle avait proposé la construction du village olympique au sein de la base militaire de Wingfield, à proximité du faubourg de Goodwood, qui aurait servi e logements aux athlètes et aux officiels [ ... ] ».
« Pouvons nous maintenant commencer à demander à l'Afrique du Sud de se porter candidate pour organiser les Jeux olympiques d'été en 2032 ? Je voudrais qu'une nation africaine abrite bientôt cette compétition sportive [ ... ] ...».
Forte de son savoir-faire et de son expérience en matière d’évènements sportifs, elle a déjà abrité des matchs de la coupe du monde de rugby en 1995, ceux de la Coupe du monde de cricket en 2003 et quelques tournois de la coupe du monde de football en 2010. Elle s’était également posée en challenger très sérieux face à Rome et surtout Athènes qui avait finalement remporté la course à l’organisation des JO de 2004. D’ailleurs, les autorités sud-africaines avaient envisagé de mettre en exergue d’autres villes telles que Durban, Port Elizabeth ou Johannesburg pour la tenue des Jeux mais ont dû en fin de compte renoncer à leurs ambitions : la flamme olympique reviendra à Paris en 2024 et Los Angeles en 2028 dont la tenue de l'événement devrait coûter 6,1 milliards d'euros selon les organisateurs.
Cape Town, une ville-candidate idéale ?
En théorie, l'économie de Cape Town en sortirait renforcée et profiterait de centaines de millions de rands en retombées économiques : les bars et restaurants profiteraient pleinement de cet évènement, car nul doute que les Sud-africains et les touristes étrangers se réuniraient autour d'un plat ou d’un verre pour regarder toutes les épreuves olympiques devant un écran géant et fêter les victoires de leur équipe nationale respective. Les hôtels tourneraient à plein régime. Les enseignes spécialisés dans le multimédia et particulièrement dans la vente de téléviseurs verraient leur chiffre d’affaires exploser. Ancrée dans un contexte sportif, l’Afrique du sud, déjà auréolé de son statut de première destination touristique du continent, bénéficierait de milliers de visiteurs supplémentaires, transformés en clients potentiels.
Dans la pratique, l’expérience de certains pays montre qu’il existe un écart important entre les coûts réels de cette compétition et les prévisions budgétaires. Wladimir Andreff, un professeur en Sciences Economiques à l'Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne qui s’intéresse à l’économie du sport, a pu apporter la preuve que les villes de Pékin et de Londres avaient largement dépassé les budgets annoncés. Le Cap n’échapperait pas à cette " malédiction du vainqueur de l'enchère " si elle envisageait de se porter candidate à l'organisation des Jeux Olympiques en 2032 et le retour sur investissement serait beaucoup plus long que prévu. De l'avis général, l'insuffisance des ressources reste le plus gros obstacle à la capacité de l’Afrique du Sud, pourtant en tête des économies les plus riches et développées du continent, d’organiser une compétition sportive d’une telle envergure. La 22ème édition des Jeux du Commonwealth, qui se dérouleront en juillet 2022, a été retirée en mars 2017 à Durban, capitale balnéaire du pays et premier port d'Afrique, au profit d'une ville européenne — Birmingham
(Angleterre) — , faute de budget suffisant. D’autre part, les Jeux Olympiques nécessitent une plus grande coordination et une collaboration plus étroite entre les 205 comités nationaux olympiques ainsi que les dizaines de fédérations sportives, alors que la coupe du monde dédiée au football se doit de construire ou rénover 8 à 12 stades pour accueillir l’événement.
Moins dangereuse que la ville de Johannesburg considérée comme le poumon économique du pays, Cape Town n’est toutefois pas épargnée par la criminalité et la menace terroriste est en train de gagner progressivement tout le continent africain, ce qui ferait alourdir considérablement la note du gouvernement en matière de sécurité. D’autre part, les soupçons de corruption autour de l'attribution de la Coupe du Monde de football à l’Afrique du sud en 2010 pourraient faire éloigner la perspective d'une candidature de la nation arc-en-ciel aux Jeux Olympiques, un événement qui veille davantage au respect des principes éthiques.
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