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Le financement du numérique, au cœur des préoccupations de l’Afrique

Dernière mise à jour : 12 oct.

Les possibilités de financement public et privé de l'innovation numérique sont multiples, à condition de bien peaufiner son projet.

(Source : Forbes Afrique)

Le 17 mai 2016, le Groupe du numérique, un club de réflexion rattaché au think tank progressiste indépendant Terra Nova, a organisé dans les locaux de l’école Sciences-Po à Paris un débat portant sur le financement de l’économie numérique en Afrique. Une occasion de rappeler que les TIC et les prestations liées à Internet ont complètement bouleversé le quotidien des Africains. Le Rwanda, il n’y a pas si longtemps ravagé par une guerre ethnique sanglante, est ainsi devenu un modèle pour de nombreux pays africains, avec son économie portée par les nouvelles technologies, et compte bientôt digitaliser tous les services publics et abandonner le papier dans les procédures administratives. Les opérations bancaires mobiles, permettant entre autres de transférer de l’argent ou d’effectuer toutes sortes de transactions, sont désormais monnaie courante au Kenya, un pays considéré comme pionner en la matière. D’autre nations comme le puissant Nigeria se sont elles aussi mises depuis un moment au diapason du numérique.


 

 

Des défis de taille

Même si des progrès importants ont été accomplis, la majorité des pays d’Afrique doivent encore relever des défis de taille. Il leur faudra ainsi se doter d'un arsenal juridique adéquat et suffisant pour contrôler par exemple l’archivage électronique, la signature numérique, l’authentification de sites Web ou la sécurité des transactions sur les plateformes d’e-commerce.

« Le numérique évolue tellement vite que les pouvoirs publics n’ont pas le temps de réagir », relève l’un des intervenants, Olivier Lafourcade, président du conseil d’administration d’IPDEV, un réseau d’une dizaine de fonds d’investissement centrés sur les start-ups et les très petites entreprises africaines. Non seulement il est urgent pour les Etats africains de combler leur retard juridique, mais l’objectif est surtout de s’adapter en permanence aux nouveaux outils numériques afin de faire évoluer leur législation.


 
 

« Il faut définir les contours juridiques pour permettre au secteur privé d’amorcer le numérique », ajoute l’orateur. L’OHADA – l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires – ayant pour vocation la sécurité juridique des affaires au sein de 17 Etats membres, naguère perçue comme un instrument abstrait, bénéficie aujourd’hui d’une visibilité accrue. Un atout considérable, selon ses membres, pour renforcer la législation existante. Se pose par ailleurs le problème de l’accès à Internet haut débit mobile. A l’exception notable du Maroc, de la Tunisie et de la Côte d’Ivoire, nombreux sont les pays issus de la sphère francophone qui ne sont pas encore passés à la 4G, la quatrième génération de la téléphonie mobile. Ceux-ci doivent donc se doter rapidement d’infrastructures adéquates et accélérer les projets de déploiement de câbles à fibre optique. Subsidiairement, il faudra surtout mettre l’accent sur l'amélioration de l'accès des populations à l'électricité.

De nombreuses sources de financement

Olivier Lafoucarde a dressé aux participants un état des lieux des différents acteurs sur la scène du financement numérique. Tout d’abord, il y a les instituts financiers publics tels que Proparco, filiale de l'Agence française de développement (AFD) spécialisée dans le financement du secteur privé. Puis la Banque africaine de développement (BAD) et la Société financière internationale (SFI), une branche de la Banque mondiale. De surcroît, des géants économiques tels que la Chine, l’Inde et la Turquie soutiennent régulièrement les initiatives des Etats africains dans la mise en œuvre des projets de grande envergure dans le secteur du numérique. Le dirigeant d’IPDEV a également fait un tour d’horizon des grandes fortunes africaines qui s’impliquent fortement dans le financement des start-ups à vocation numérique, comme le banquier nigérian Tony Elumelu, qui s’est engagé à soutenir 10 000 entrepreneurs africains en leur dédiant, à travers sa fondation, 100 M$ sur une période de 10 ans, ou son compatriote Aliko Dangote, propriétaire de la plus grande entreprise africaine de production de ciment, qui soutient les start-ups africaines par le biais de l’African Entrepreneurship Program.

 
 

Il a également évoqué les milliardaires qui se distinguent sur la scène philanthropique internationale, à l’instar de Bill Gates, fondateur et ex-PDG de Microsoft, Pierre Omidyar, le créateur d'eBay, le site Web de ventes aux enchères, ainsi que la fondation Rockefeller.

Des projets bien ficelés

Cependant, le problème ne réside pas tant dans l'accès au financement en Afrique lui-même. « Il existe une pléthore d'organismes de financement en Afrique », constate M. Lafourcade. En fait, les porteurs de projets numériques doivent être capables de passer à travers les maillons d’un écosystème entrepreneurial dense qui leur donnera, au final, l’accès aux sources de financement : des incubateurs, des accélérateurs, des espaces de co-working, des programmes de mentorat, etc. Il incombe donc aux intéressés de bien ficeler leur projet novateur.

D’autre part, M. Lafourcade a rappelé que certaines institutions publiques sont davantage enclines à financer des projets nécessitant des investissements importants :

« Auparavant, les entreprises ne pouvaient pas obtenir de fonds auprès des organismes comme la Société financière internationale, qui jugeaient leur projet trop risqué ». Ces institutions se tournaient en effet vers des PME matures plutôt que des petites entités d’à peine une dizaine de salariés reposant sur un business model fragile. « Mais aujourd’hui les choses sont en train de changer dans le bons sens au sein de la SFI » rassure ce dernier.

 


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