Le moment est venu de s'engager et d'investir davantage au Cameroun, au Gabon, en République Démocratique du Congo et au Congo-Brazzaville. C'est le message qu'a délivré une délégation comprenant plusieurs ministres de premier plan, ambassadeurs, chefs d’entreprise et experts de différents horizons, lors du Forum d’affaires consacré à l’Afrique centrale qui s’est tenu fin Juin dernier à Paris, dans les locaux de l’agence Business France, un événement auquel le webzine CEO Afrique a assisté.
« Pourquoi dites-vous que la République Démocratique du Congo est une "belle inconnue" ? Le volume des investissements français y est en effet assez faible. Mais tout dépend du prisme à travers lequel on est en train de regarder le pays. Des investisseurs américains ou chinois, par exemple, ne vous affirmeront pas que la RDC est une "belle inconnue" [ ... ] » Ces quelques mots entachés d’un très léger agacement, prononcés par Anthony Nkinzo Kamole, directeur Général de l’ANAPI (Agence Nationale pour la Promotion des Investissements), en réponse à une assertion selon laquelle la République Démocratique du Congo est "une belle inconnue" a une résonance toute particulière : La France perd peu à peu du terrain en matière d’investissements directs étrangers (IDE) en Afrique centrale. Bien que l’Hexagone ait conservé sa position de principal pourvoyeur d’IDE au Congo-Brazzaville aux côtés de l’Italie, des États-Unis et de la Chine, force est de constater que la concurrence de l’Empire du Milieu est de plus en plus forte au Cameroun et au Gabon. De surcroît, la France doit rattraper un lourd retard face à des pays comme l’Afrique du Sud, la Belgique et la Chine qui figurent parmi les principaux investisseurs en République Démocratique du Congo.
« Du côté du Cameroun, nous nous engageons bien entendu à maturer nos projets en vue de les rendre plus attractifs aux yeux des investisseurs. La France, quant à elle, avait un réel avantage comparatif sur les autres pays pourvoyeurs d’investissements étrangers, eu égard au fait qu’un lien historique et linguistique relie les deux pays. Mais elle a perdu pied au Cameroun. Les investisseurs français sont toujours les bienvenus, mais il leur appartient tirer les leçons de leurs propres erreurs, par rapport aux autres partenaires étrangers qui ont su mieux répondre aux besoins de développement de notre pays, et faire en sorte que l’on établisse désormais un partenariat "gagnant-gagnant" » affirme sans ambages Charles Assamba Ongodo, directeur général de la Coopération et de l’intégration régionale au Ministère camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire du Cameroun (MINEPAT).
Des propos auxquels souscrit Alain Claude Bilie-By-Nze, ministre gabonais de l’Énergie et des ressources hydrauliques, pour qui « Il existe chez les PME françaises une somme d'expertise et d'expérience qu’elles peuvent avantageusement utiliser au Gabon, où il y a des parts de marché à conquérir » . L’homme politique les exhorte à venir massivement sur place et adopter une stratégie plus offensive et « cesser de reculer face à l’arrivée de concurrents asiatiques ou turcs ».
Les informations fournies par Didier Boulogne, directeur Délégué Général Export de Business France, tendent toutefois à relativiser la portée des déclarations relatives à "l’attentisme" des entreprises françaises :
« L’an passé, alors même que la zone subissait de plein fouet la crise sanitaire, ce sont près de 150 entreprises que l’agence Business France et ses partenaires de la "Team France Export" ont accompagné dans cinq pays d’Afrique centrale [ ... ] »
Même son de cloche chez Gouënaelle Buffard, directrice du bureau "Afrique centrale" de l’agence Business France — basé à Douala — , attestant que « que la République Démocratique du Congo figure parmi les destinations d’affaires les plus plébiscitées par les entreprises françaises pour présenter les offres de services ».
L’heure est à l’optimisme
Quoi qu'il en soit, l’enthousiasme a été plutôt au rendez-vous parmi les personnalités de haut rang qui ont participé à la table ronde, ces derniers ayant décidé de faire cause commune et promouvoir l'attractivité de l’Afrique centrale devant l’auditoire composé entre autres d’investisseurs.
« En République Démocratique du Congo, et plus globalement dans cet espace d’Afrique centrale, tout est en mouvement et en croissance. Tout foisonne de possibilités de savoir-faire et d'initiatives en marche. Aucun décideur économique, se projetant à l’international, ne peut ignorer les opportunités qu'offre la RD Congo : de nouveaux pôles de croissance, de nouveaux investissements et de nouveaux partenariats, le développement de nouvelles filières, le développement de nouvelles synergies, de nouvelles passerelles et de nouveaux axes d'innovation » a déclaré S.E.M Isabel Machik Ruth Tshombe, ambassadrice de la République Démocratique du Congo en France.