Longtemps cantonnée à des représentations fallacieuses oscillant entre misérabilisme et exotisme, l’image de l’Afrique dans les médias reste un enjeu central pour le continent. Pourtant, de nouveaux récits émergent, portés par des acteurs médiatiques engagés dans une revalorisation de la diversité et du dynamisme africains. Lors d’un webinaire intitulé "How influential is media in defining Africa’s story? — Dans quelle mesure les médias influencent-ils la perception et la manière dont l’histoire de l’Afrique est définie? — ", organisé le 13 juillet dernier par BusinessLIVE en partenariat avec "Afrique No Filter" et "Future of Media", éditeurs de médias traditionnels et digitaux se sont réunis pour pointer du doigt cette renaissance africaine sous-estimée et explorer les moyens de déconstruire les clichés les plus tenaces. Pourquoi la perception du continent africain reste-t-elle encore biaisée ? Quels sont les leviers d’un storytelling médiatique plus équilibré ? Comment les médias africains peuvent-ils reprendre le contrôle de leur narration ? Décryptage.

Crédit photo : ©Harley McKenson-Kenguéléwa / CEO Afrique
L'Afrique a longtemps été victime d'une représentation réductrice et stéréotypée dans les médias internationaux. Un exemple emblématique de cette vision est la couverture du magazine The Economist du 13 mai 2000, intitulée "L'Afrique : le continent sans espoir" ("Hopeless Africa"). Accompagnée d'une image sombre et évocatrice, cette couverture dépeignait un continent en proie aux conflits, aux crises humanitaires, et à une gouvernance défaillante. L'article intérieur décrivait une Afrique dévastée par les guerres civiles en Sierra Leone, en République Démocratique du Congo et en Angola, en plus des catastrophes naturelles, de la corruption, et de la famine qui assombrissaient le tableau. Cette vision, d'une simplification dramatique, ne laissait guère de place aux nuances, ni aux progrès accomplis par le continent. Elle a rapidement provoqué une vague d'indignation à travers l'Afrique et au-delà, dénonçant la partialité de cette lecture et la façon dont elle renforçait les stéréotypes négatifs sur le continent. Des voix africaines et internationales ont réclamé une reconnaissance des efforts de développement, de la résilience des populations et de la diversité des réalités vécues au sein des différents pays. Cette couverture est ainsi devenue un symbole de la vision souvent biaisée et simpliste des médias occidentaux à l’égard de l’Afrique.