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Photo du rédacteurHarley McKenson-Kenguéléwa

Malaisie, les secrets de son attractivité économique

Dernière mise à jour : 15 oct.


La Malaisie a su s’imposer, au fil des années, comme une destination d’affaires incontournable au niveau international. Investissements étrangers, PIB par habitant, secteurs porteurs etc... : Le webzine CEO Afrique, qui a visionné un atelier intitulé "Les clés pour se développer en Malaisie et en ASEAN" — co-organisé le 1er Juin dernier par la CCI France-Malaisie et la CCI Paris Île-de-France — fait une analyse des points fondamentaux avancés par les différents intervenants, confirmant la dynamique économique de cet État d’Asie du Sud-Est.


Kuala Lumpur, l'une des deux capitales de la Malaisie



« [ ... ] Lorsque vous vous promenez dans la capitale Kuala Lumpur, vous pouvez voir cohabiter des ensembles building hypermodernes gigantesques et des quartiers d’habitation ou même une nature luxuriante. Cela fait certes apparaître un "melting-pot" un petit peu anarchique, mais c’est ce qui fait le charme de cette ville [ ... ] ».


Ces quelques mots prononcés par Sébastien Di Ruocco, président du groupe Synapsys Digital — spécialisé dans les services de marketing digital — résument assez bien, à eux seuls, le sentiment ressenti par les voyageurs d’affaires sur place. KL Sentral, Bukit Bintang, Jalan Raja Chulan, Mid Valley City, Damansaara Town Centre etc... : La Malaisie étend ses quartiers d'affaires tous azimuts, reflétant ainsi le dynamisme de son économie. Une constatation qui n’est guère une surprise.


« La Malaisie dispose de la quatrième économie d'Asie du sud-est et constitue le deuxième pays pour son PIB par habitant, estimé à 11000 USD. On peut dire aujourd'hui qu'elle est en bonne voie pour atteindre le statut de "pays à revenu élevé" d'ici 2024 et le taux de chômage est assez faible, soit près de 4%. Selon les prévisions, la Malaisie parviendrait à afficher un taux de croissance élevée de 5,8% en 2022 » indique Michel Lozach, directeur général de la chambre de commerce franco-malaisienne basée à Kuala Lumpur (CCI France Malaisie).


Au préalable, il y a lieu de considérer que les investissements directs étrangers (IDE) servent de baromètre de l’attractivité économique et révèlent l’intérêt suscité par les acteurs internationaux d’un pays. C’est d'autant plus vrai pour la Malaisie, dont les IDE ont enregistré une entrée nette de 11,6 milliards USD en 2021, ce qui la place au quatrième rang dans la région de l'Asie du Sud-Est, derrière Singapour (99,1 milliards USD), l’Indonésie (20,08 milliards USD) et le Vietnam (15,7 milliards USD), d'après le dernier Rapport sur l'investissement dans le monde de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement). La plupart de ces IDE réalisés sont le fait de sociétés basées à Singapour, aux Pays-Bas, en Chine, au Japon, aux États-Unis et en Autriche.


Récompense suprême, une étude publiée en 2019 par la revue économique américaine CEOWorld avait récompensé la Malaisie en tant meilleur "pays au monde où investir". Autre classement relativement plus récent qui confirme cette tendance : Son environnement des affaires lui avait valu d’occuper le 12ème rang à l’échelle mondiale, selon le rapport "Doing Business 2020" (une édition qui n’est plus publié par la Banque mondiale). Autant de distinctions et de prix internationaux qui font la fierté de cet État d’Asie du Sud-Est, mais qui ne sont pas due au hasard, d’autant plus le pays a tous les ingrédients pour passer du statut d’économie émergente à celui de "pays développé", ce qui découle des efforts visant à optimiser continuellement l’environnement des affaires. Des perspectives que certains investisseurs ont déjà intégrées depuis bien longtemps.


 
 

Un environnement très "business-friendly"


Il y a donc lieu de dire que la place malaisienne faire beaucoup d’envieux en Asie, voire dans un bon nombre de pays à travers le monde. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, elle se présente comme un État politiquement stable, s’appuyant sur une monarchie parlementaire fédérale et demeurant ainsi un modèle d'exception dans la région du Sud-Est, un processus de démocratisation constante entamée depuis les années d’indépendance jusqu’à aujourd’hui que beaucoup d’analystes attribuent en partie au développement économique du pays.


En second lieu, la Malaisie doit aussi son attractivité au dynamisme de sa classe moyenne. Déjà dotée d’un vaste marché intérieur de 33 millions de consommateurs, elle fait partie de l’ASEAN, l’Association des nations d'Asie du Sud-Est. « Pour rappel, l’ASEAN, c’est 680 millions d’habitants, un taux de croissance moyen de 5% et une inflation moyenne de trois et demi pour cent. Le PIB représente 3600 milliards de dollars, soit l’équivalent de celui de l’ Allemagne, avec un taux de chômage moyen de 4,2% » précise Michel Lozach. De surcroît, le pays a signé le RCEP [ Regional Comprehensive Economic Partnership, en français : Partenariat économique régional global, NDLR ], le plus grand accord commercial du monde, avec un peu plus de 1,5 milliard de personnes offrant d’excellentes opportunités aux entreprises et investisseurs étrangers.



Tout cela lui confère une position géographique stratégique, grâce notamment à la proximité des autres principaux marchés asiatiques et ceux de l’Océanie. « [ ... ] La Malaisie a signé plusieurs accords de libre-échange non seulement avec les États membres de l’ASEAN, mais aussi avec d'autres pays comme la Corée, le Japon, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande afin intensifier son intégration économique dans la zone Asie-Pacifique, représente une véritable aubaine pour nos distributeurs » se réjouit Aurélien Rouvreau, PDG d’Utilis Malaysia, une société spécialisée dans les solutions de stockage mobile et les abris tactiques pour les armées, la sécurité civile et les ONG.


 
 

Le succès des performances de la Malaisie s'explique également en partie par la présence d’un réseau de transports performant : d’excellentes autoroutes, des routes principales bitumées en bon état qui favorisent la fluidité des échanges transfrontaliers, par exemple avec Singapour ou la Thaïlande, et des liaisons aériennes offertes par une myriade de compagnies qui assurent une connectivité au reste du monde à partir de ses sept aéroports internationaux (Kuala Lumpur, Langkawi, Malacca, Subang, Penang, Kuching et Kota Kinabalu ). « Dans les grandes villes que l’on traverse, on peut se rendre compte de la qualité des infrastructures [ ... ] » atteste Michel Lozach.


Un quatrième atout de taille qui mérite d’être mentionné : L'accès aux ressources humaines possédant les compétences et les connaissances requises afin assurer le succès d’un projet est pour des investisseurs étrangers un critère prédominant. Cela tombe bien, puisque la Malaisie a toujours considéré le développement de son système éducatif comme une priorité absolue. On ne compte plus le nombre d’établissements universitaires de haut niveau qui maillent le territoire national : Université de Malaya, Universiti Kebangsaan Malaysia, Universiti Putra Malaysia, Universiti Sains Malaysia, campus malaisien de l'Université Monash etc ... . Au final, ces universités et grandes écoles de classe mondiale dotent les entreprises d’un vivier de talents divers, incluant des scientifiques, des ingénieurs et un bon nombre de profils techniques qui apportent toutes sortes d'expériences.


« L’État consacre une part de plus en plus importante de son budget annuel aux dépenses relatives à l’éducation et à la formation » rapporte Michel Lozach.


Pour sa part, Aurélien Rouvreau, PDG d’Utilis Malaysia, livre son expérience de terrain en matière de ressources humaines, allant plus loin dans l’analyse :


« [ ... ] La vision de la Malaisie est compatible avec notre notre orientation stratégique concernant la politique de fabrication en Asie. Le marché malaisien possède une forte concentration d’entreprises locales sous-traitance pour les opérations à forte intensité de main-d'œuvre qualifiée dans les domaines de l’aéronautique, de l’électrique et de l’électronique, de l’industrie automobile et du pétrole. Nous nous sommes particulièrement intéressés par des offres d’expertises mécaniques et électriques vraiment indispensables pour le fonctionnement de nos solutions. Même si aujourd'hui en 2022, nous possédons nos propres capacités de production , il n’en reste pas moins vrai que nous dépendons énormément des opérations de sous-traitance, car nous ne disposons pas de la taille critique suffisante pour développer certains équipements ».


Eu égard au fait que la demande des entreprises issues du secteur des technologies et des sciences est incessante, les profils les plus pointus sont naturellement les plus sollicités. « On constate sur ces postes qualifiés un taux de turnover important. Un salarié peut en effet quitter son emploi pour travailler dans l’usine voisine pour 50 ringgit de plus par mois » prévient Aurélien Rouvreau


Ajouté à cela, le fait de pouvoir évoluer dans un environnement multiculturel propice à l'utilisation de l’anglais comme langue des affaires. « La dernière enquête Expat Insider, menée par le cabinet InterNations, montre que la Malaisie obtient de très bons résultats auprès des expatriés. Le fait que l’anglais soit largement parlé dans le pays y est certainement en partie pour quelque chose » étaye Michel Lozach.


Parmi les autres arguments à faire valoir, l’existence d’un cadre juridique solide et bien conçu. Sébastien Di Ruocco note que certains aspects du droit des affaires malaisien — étant d'inspiration britannique — présentent quelques similitudes avec son équivalent français : « On s'attendait à voir quelque chose de très "exotique". En fait, force est de constater l'existence d’un droit très clair et extrêmement rigoureux, ce qui nous a permis d’avance de façon nette ».


Concernant le cas spécifique du droit des sociétés, les investisseurs étrangers ont la possibilité de détenir 100% du capital de leurs entreprises. Michel Lozach rappelle toutefois que le fait de s’implanter et d’avancer en terre inconnue requiert une phase d'apprentissage de plusieurs mois ; il recommande au passage les structures juridiques les plus appropriées à adopter, ainsi que leurs conditions de formation : « [ ... ] Dans le cadre d’une prospection, la première démarche à effectuer consiste à mettre en place un bureau de représentation. Il s’agit d’un statut temporaire, pour une durée maximum de cinq ans, qui est accordé par les autorités malaisiennes, en l’occurrence le MIDA (Malaysian Investment Development Authority). En revanche, le chef d’entreprise ne sera pas en mesure d’exercer une activité rémunératrice. C’est une solution intéressante pour ceux qui recherchent des informations utiles et fiables sur les caractéristiques du marché ou soutenir simplement leurs réseaux relationnels et d’organisations locales [ ... ]. Toujours dans le cadre d’une démarche d’implantation, une autre option serait de se diriger vers la solution du portage salarial, à la fois simple et rapide [ ... ] ».


Une myriade d’opportunités


Le secteur tertiaire, dominé par le tourisme et la finance, constitue en quelque sorte l'épine dorsale de l’économie malaisienne. « Au niveau du tourisme , la Malaisie, c’est en temps normal — période hors COVID-19 — entre 20 et 25 millions de touristes par an, essentiellement asiatiques. À noter un projet d’expansion du Club Med, avec l’ouverture en 2025 d'un nouveau village sur l'île de Bornéo [ ... ]. Pendant ce temps-là, le groupe ACCOR continue son développement en Malaisie, avec aujourd'hui la présence d’une vingtaine d'hôtels sur place » annonce Michel Lozach. En ce qui concerne le domaine financier, Aurélien Rouvreau prend le relais : « Le Malaisie bénéficie d'un système bancaire stable ». Une déclaration qui fait écho à la dernière publication du "Global Financial Inclusion Index", selon lequel le pays est le 20ème marché le mieux classé en matière d’inclusion financière à l’échelle mondiale.


Mais les autorités font aussi la part belle au développement des technologies de pointe et du numérique « L’électronique et le domaine électrique font partie des secteurs historiques de la Malaisie. Au niveau des investissements français, il faut garder à l’esprit l'arrivée dans les années 70 du groupe Thomson qui était à l'époque l’un des premiers employeurs étrangers. Aujourd’hui STMicroelectronics qui se distingue par ses 4000 employés dans la ville de Muar au sud du pays et reste un des principaux investisseurs étrangers. Le secteur aéronautique & défense est également très porteur [ ... ] ». Dans le secteur spécifique du numérique, le très haut taux de pénétration Internet (93.8 %, d’après les données publiées par le portail "Internet World Stats"), et le déploiement du réseau 4G sur l’ensemble du territoire national sont susceptibles de permettre aux entreprises d'utiliser tous les bénéfices de cette génération mobile, avec en prime de grandes opportunités pour les PME désireuses de développer des applications mobiles. Rien d'étonnant donc à ce que l’une des deux capitales, Kuala Lumpur, se classe parmi les meilleurs endroits en Asie pour créer et développer une start-up innovante, selon le rapport de "Global Startup 2021" : Sur la base de cette étude établie par "Startup Genome", la Malaisie a obtenu le 21ème meilleur score dans le classement des pays émergents, en matière d’écosystèmes start-up. Dans le registre des pays les plus innovants (selon le Digital Platform Economy Index 2020), la Malaisie se situe en 2ème position dans la région du Sud-Est, derrière Singapour, et occupe le troisième rang en termes de nombre de start-up, toujours dans cette zone.



Le domaine médical & pharmaceutique et, surtout, le secteur de la construction & infrastructures ne sont pas en reste. « Le "Merdeka 118 ", en cours de construction à Kuala Lumpur, sera le deuxième gratte-ciel le plus haut au monde — après celui de Burj Khalifa aux Émirats arabes unis) — , dont l'inauguration est prévue à la fin de cette année » poursuit Michel Lozach.


Les investisseurs se tournent de plus en plus vers des villes comme Johor Bahru, George Town (Penang), le Territoire fédéral de Labuan, ou même Cyberjaya, spécialisée dans le secteur des hautes technologies. Mais la capitale Kuala Lumpur garde toutefois son prestige et demeure la destination d’affaires la plus sollicitée du pays par les entreprises étrangères.


 

Par Harley McKenson-Kenguéléwa


 

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