Le Pays des Mille Collines ambitionne de se positionner comme une place financière de premier plan au carrefour de l’Afrique. "Kigali International Financial Center, nouveau hub pour les investissements en Afrique" : tel a été l’intitulé de l’atelier organisé le 7 Octobre dernier par le CIAN, un événement en ligne auquel le webzine CEO Afrique a assisté.
Crédit photo : ©KIFC
5ème place financière d’Afrique : C’est le rang qu’occupe la capitale du Rwanda, Kigali, dans le dernier classement du Global Financial Centres Index (GFCI), un indice réalisé deux fois par an conjointement par le think tank Z/Yen Group à Londres et le China Development Institute à Shenzhen, se classant ainsi derrière Casablanca, Cape Town, Johannesburg et l’Île Maurice, et devançant ses principaux challengers comme les villes de Nairobi et Lagos. Une vraie prouesse pour le Kigali International Financial Center — plus connu sous l’acronyme "KIFC " — qui n'a environ que quatre années d'existence, ce qui permet au nouveau hub d’asseoir déjà sa réputation dans les milieux d’affaires internationaux. Approuvée au mois de décembre 2017 à l’issue d’un conseil des ministres présidé par le chef de l’État rwandais Paul Kagame et lancée par l’agence Rwanda Finance Limited (RFL), la "marque" KIFC souhaite faire du pays la plaque tournante des services financiers, favoriser la mise en place d’un environnement juridique et fiscal propice aux affaires et drainer les flux d'investissements directs étrangers.
« [ ... ] C'est un concept qui a été créé de façon à faciliter son entrée dans l’écosystème financier du Rwanda. Le pays ne dispose pas de zones économiques spéciales ; il met juste à disposition ses infrastructures, ses lois, ses règlements et ses ressources humaines et ses incitations pour servir le continent africain » explique Ntoudi Mouyelo, directeur des investissements et des partenaires stratégiques auprès de l’agence Rwanda Finance Limited.
Le Rwanda peut d'enorgueillir d’avoir accès à un large éventail d'investisseurs institutionnels et privés, à travers l’African Private Equity & Venture Capital Association (AVCA) au niveau du continent africain, et de l’East Africa Venture Capital Association (EAVCA) à l’échelle de la sous-région de l'Afrique de l'Est. Il abrite aussi un bon nombre d’établissements bancaires et collabore avec plusieurs autres institutions financières : « Nous avons, à titre d’exemple, "Virunga Africa Fund 1", un véhicule d’investissement géré par le fonds Admaius Capital Partners doté de 250 millions de dollars (dont 200 millions émanant du Qatar et 50 millions provenant du fonds de pension rwandais) qui investit dans des projets d'infrastructure et des projets importants, non seulement au Rwanda mais aussi en Afrique en général. On peut également citer Dakar Network Angels, qui investit principalement en Afrique de l'Ouest, mais dont le véhicule d'investissement est basé à Kigali, une ville à partir de laquelle il est plus simple pour ce réseau de business angels d’investir à Lomé, à Ouagadougou ou à Abidjan, que le faire depuis Dakar. Nous avons FEDA (Fund for Export Development in Africa), une plateforme d’investissement située au Rwanda, appartenant Afreximbank. Bien entendu, plusieurs banques de renom ont installé sur notre territoire des filiales ou des succursales telles que le réseau bancaire panafricain Ecobank, le groupe nigérian Access Bank ou les banques kényanes "Kenya Commercial Bank " et Equity Bank, qui, a décidé de réaliser un investissement de plus de 120 millions de dollars pour y construire son plus grand bâtiment [ ...]. Ce sont donc ces types d'initiative qui nous permettent aujourd'hui d’accompagner les membres de notre communauté installés à Kigali » détaille Ntoudi Mouyelo. À noter l’existence de partenariats stratégiques multiples, conclus entre le KIFC et des institutions publiques internationales telles que Bpifrance, British International Investment, Casablanca Finance City, Belgian Finance Center, Qatar Financial Centre et Jersey Finance.
Il y a lieu d'établir un distinguo entre le fonctionnement du Kigali International Financial Center et celui du Rwanda Development Board qui, faut-il le rappeler, travaillent ensemble en étroite collaboration. Le premier a pour mission de développer, renforcer et consolider tout l’écosystème financier rwandais — acteurs du private equity et du venture capital, réseaux de business angels, établissements bancaires, FinTechs, BNR (National Bank of Rwanda), marché boursier etc .... — , dans l’optique d’acquérir une meilleure visibilité à l'international. Il veille aussi à une plus grande cohérence et harmonie de cet ensemble et s'attelle à améliorer l'environnement fiscal et réglementaire du capital-investissement. Le second a pour vocation de contribuer à faire drainer les investissements étrangers vers le territoire rwandais en promouvant l’ensemble des secteurs d’activité. Quoi qu'il en soit, la finalité de ces deux entités reste la même : construire positivement l’image du Rwanda afin de rendre le pays attractif auprès des investisseurs internationaux.
De nombreux atouts
Crédit photo : ©RDB
Dans cet écosystème financier, la présence de banques et de fonds d’investissement n’est pas la seule explication au fait que de nombreuses sociétés choisissent de s’implanter au Rwanda. Le pays possède d’autres solides arguments à faire valoir, par exemple en tant que porte d'accès privilégié aux marchés du COMESA [Common Market for Eastern and Southern Africa : marché commun de l'Afrique orientale et australe, NDLR ] fort de plus de 610 millions de consommateurs, de l’EAC [ East African Community : Communauté d'Afrique de l'Est, NDLR ] et de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale).