Les startups spécialisées dans les technologies financières, communément appelées fintech, sont en pleine expansion en Afrique, offrant un vent de fraîcheur et d'innovation au secteur financier du continent. Cependant, pour que ces jeunes pousses puissent prospérer, une réglementation adéquate est nécessaire. Dans cette optique, un rapport intitulé "Unlocking the Potential of Digital Payments in Africa" a été publié en septembre 2023 par le KIFC (Kigali International Financial Centre) en collaboration avec l'AVCA (The African Private Capital Association). Ce rapport se penche sur l'analyse comparative des "regulatory sandbox" (bacs à sable réglementaires), mettant en lumière les enjeux cruciaux qui se posent. Dans cet article de décryptage, le webzine CEO Afrique plonge au cœur de cette étude pour comprendre comment libérer tout le potentiel des fintechs en Afrique grâce à une réglementation adaptée.
Il est indéniable que le phénomène des fintechs en Afrique ait atteint une taille suffisante pour attirer l'attention des régulateurs. En effet, les investissements dans ces startups spécialisées dans les technologies financières, qui aspirent à transformer l'industrie financière en proposant des solutions plus simples et plus abordables, ont connu une croissance impressionnante de plus de 17,7 % en deux ans à l'échelle mondiale, comme le révèle la dernière édition du rapport "Finnover pour l'Afrique" de Disrupt Africa.
Pour que ces jeunes pousses puissent accélérer leur développement, elles ont besoin d'un environnement réglementaire propice à l'innovation et à l'expérimentation. C'est là que les "regulatory sandbox" (bacs à sable réglementaires), dont l'idée essentielle est de fournir aux fintech un ensemble de règles réglementaires qui leur soit propre, offrant suffisamment de flexibilité pour qu'elles puissent réellement tester des produits et des services novateurs, mais dans le cadre d'une clientèle restreinte. Autrement dit, imaginez un espace de jeu sécurisé où les innovateurs financiers peuvent tester leurs idées sans être immédiatement soumis aux rigueurs de la réglementation. C'est précisément ce que sont les bacs à sable réglementaire". Ces initiatives offrent un cadre temporaire, contrôlé et moins contraignant aux startups fintech pour développer, tester et améliorer leurs produits ou services financiers.
« [ ... ] Il est important de savoir que lorsqu'une preuve de concept (POC) ou un pilote est réalisé avec une banque, les ensembles de données utilisés doivent être authentiques, tout comme les clients bancaires réels qui sont conseillés pour le lancement bêta d'un nouveau produit. Ces ensembles d'exemples peuvent être testés dans un bac à sable réglementaire sécurisé. [...]. Les bacs à sable réglementaires sont devenus pratiquement la norme » explique Zachariah George, Managing Partner chez Launch Africa, lors d’un webinaire intitulé "Unlocking the Potential of Digital Payments in Africa" qui s’est tenu sur le 12 Septembre dernier sur LinkedIn. Ces sandbox réglementaires font donc l’objet d’une étude détaillée dans un rapport éponyme ayant également pour titre "Unlocking the Potential of Digital Payments in Africa" établi en septembre 2023 par le KIFC (Kigali International Financial Centre) en partenariat avec l'AVCA (The African Private Capital Association).
Dans cette évolution, plusieurs pays africains ont pris l'initiative d'introduire des réglementations spécifiques pour encourager l'innovation FinTech. L'île Maurice a été l'une des premières à introduire le concept de "Regulatory Sandbox License" en Octobre 2016. Cette approche permet le développement de produits et services financiers innovants sans être limitée par les cadres réglementaires existants. Ensuite, la Banque Nationale du Rwanda (BNR) a été l'une des pionnières en Afrique en lançant un bac à sable réglementaire dès Avril 2018 pour encourager l'adoption de technologies financières innovantes dans l'espace des paiements. Depuis lors, la BNR a élargi ses initiatives pour inclure d'autres domaines. Le Mozambique a suivi cette tendance en lançant son propre "Sandbox Incubator" en partenariat avec FSD Mozambique, visant les innovateurs de la FinTech qui favorisent l'inclusion financière. De manière similaire, la Banque de Sierra Leone a lancé un "Regulatory Sandbox Pilot Program" [ Programme Pilote de Bac à Sable Réglementaire, NDLR ] pour soutenir l'innovation responsable tout en améliorant l'accès aux produits financiers de qualité.