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Fondation Mo Ibrahim : Un combat pour l’enracinement de la culture démocratique en Afrique

Dernière mise à jour : 14 oct.


Depuis sa création en 2006, la Fondation Mo Ibrahim œuvre pour faire respecter les valeurs qui permettent la démocratie à travers toute l’Afrique et soutient notamment le leadership à travers la remise de prix visant à récompenser les dirigeants africains qui ont su respecter les pratiques de bonne gouvernance. C’est une constante des combats de son fondateur, Mo Ibrahim, qui a évoqué son action lors du " Forum Afrique CIAN 2021 ", présenté sous un format "webinaire" le 18 Mars dernier.




« Vous êtes l’une des personnalités africaines les plus connues au monde et avez eu deux vies : une première vie comme ingénieur spécialisé dans les télécoms [ ....] ; une deuxième vie comme créateur d’une fondation dédiée à la promotion de la démocratie dans le monde et en Afrique en particulier [....] ». C’est le mini-portrait de Mo Ibrahim, hommes d’affaires et philanthrope anglo-soudanais que le fondateur & président du quotidien "L'Opinion", Nicolas Beytout, a dressé en préambule lors de l’e-conférence intitulée "Le rebond en Afrique viendra aussi des entreprises !", dans le cadre du Forum Afrique qui s’est tenu en ligne le 18 Mars 2021.


Depuis près de 15 ans maintenant, la fondation qui porte son nom œuvre à la construction d’une Afrique respectueuse des libertés fondamentales et des droits de humains, définis par des principes démocratiques de choix, de fonctionnement sans faille des institutions et de justice sociale. Gouvernance calamiteuse dans certains pays, coups d'état à répétition ou tripatouillages constitutionnels dans d’autres etc.... C'est sans doute pour ces raisons que Mo Ibrahim, déjà à l'initiative de l'entreprise de télécommunications Celtel — rachetée depuis par le groupe koweïti Zain (anciennement MTC : Mobile Telecommunications Company) — et du fonds d'investissement Satya Capital, lance parallèlement en 2006 sa fondation éponyme, dont le siège se trouve à Londres, au Royaume Uni.


« Le développement économique ne peut être dissocié de la démocratie et de la bonne gouvernance » soutient Mo Ibrahim.


Le Prix Mo Ibrahim du leadership africain, distinction de prestige et gage de reconnaissance


La fondation Mo Ibrahim attribue un prix du leadership d'excellence en Afrique, décerné à un ancien chef d'État ou de gouvernement, avec en prime une dotation financière d'un montant de 5 millions de dollars US versé sur dix ans.


Pour la première fois, un pays francophone a été mis à l’honneur.




Ainsi, se sont succédé, comme lauréats du prix, l'ancien président du Mozambique Joaquim Chissano (2007), l’ancien dirigeant du Botswana Festus Mogae (2008), l’ancien président du Cap-Vert Pedro Pires, l’ex- dirigeant de Namibie Hifikepunye Pohamba (2014), l’ancienne présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf (2017) et l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou (2020).


« Je suis très fier que la fondation ait été en mesure de déclarer un gagnant cette année, en l’occurrence le président Mahamadou Issoufou du Niger, l’un des États les plus pauvres du monde [ ... ]. Pour la première fois, un pays francophone a été mis à l’honneur. Cela vaut particulièrement la peine de célébrer ce leadership qui a permis de surmonter certains obstacles et faire avancer ce pays [ ... ] » s’enthousiasme Mo Ibrahim.




L’IIAG, un indice phare de la gouvernance en Afrique


Chaque année, l'indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine [ IIAG : The Ibrahim Index of African Governance, NDLR ] évalue qualitativement, au plus près, les pratiques de gouvernance dans chacun des cinquante quatre pays d’Afrique, reposant sur quelques principes fondamentaux que sont l’État de droit & la sécurité publique (indépendance judiciaire, responsabilité, transparence, corruption, conflits sociaux, sécurité des personnes, implication des autorités dans les conflits armés etc... ), la participation citoyenne & les droits de l'homme (élections libres, autodétermination, liberté d'expression, égalité des sexes etc ...) les opportunités économiques durables (efficacité du système statistique d’un pays, stratégie budgétaire, état du système bancaire, climat des affaires, infrastructures, ruralité etc...) et le développement humain (bien-être , santé, éducation ...).


Initialement, cet indice a été défini en collaboration avec l'Université américaine de Harvard. Aujourd’hui, des personnalités éminentes, parmi lesquelles Kevin Urama (directeur principal de l’Institut africain de développement), Claire Melamed, (directrice générale du Global Partnership for Sustainable Development Data - Partenariat mondial pour les données de développement durable), Ali Hadi (professeur d'université et président du Département de mathématiques et d'actuariat à l'Université Américaine du Caire), Roberta Gatti (économiste en chef pour la Région Moyen-Orient & Afrique du Nord de la Banque mondiale) ou Nathalie Delapalme (directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim) ont pour mission, à travers un comité consultatif , de proposer des pistes de réflexion et suggérer des modalités qui permettent de mettre à jour en permanence l’IIAG et renforcer la pertinence de cet indice.


 
 

Depuis 2013, des pays comme l’Île Maurice, le Cap-Vert, les Seychelles, la Tunisie et le Botswana, l Afrique du Sud et la Namibie se sont distingués en matière de gouvernance, en intégrant à tour de rôle le Top 5 de cet indice IIAG (avec une constance dont fait preuve l’Île Maurice qui tient le haut du pavé dans ce classement pour la dixième année consécutive).


Néanmoins, l’édition 2020 de l’indice Mo Ibrahim met en relief l’atonie, voire le recul de la bonne gouvernance, observé sur le continent africain. Un constat que l’homme d’affaires anglo-soudanais tient à relativiser :


« On assiste à la montée en puissance et au règne d’hommes forts dans différents parties du monde, y compris au sein de pays à forte tradition démocratique, ce qui a instauré un climat de défiance envers les institutions internationales, d’autant plus que certains dirigeants ont bafoué plusieurs accords internationaux : l’accord mondial sur le réchauffement climatique, les traités de libre-échange, la coopération internationale en matière de criminalité etc ... Le fait de ne pas s'y conformer, ce serait également donner le mauvais exemple à nos dirigeants africains, dont certains se mettraient à agir en toute impunité [ ... ] ».


Un nouveaux trophée, dédié aux décideurs économiques, en préparation ?


Intégration des valeurs du développement durable dans la stratégie d’une PME, démarche axée sur la responsabilité sociétale des entreprises, diversité du genre dans les conseils d'administration et les organes de direction, transparence des pratiques et informations financières au sein des entreprises, sens des valeurs et intégrité morale etc ... Ce sont des critères de performance parmi les plus plébiscités dans le monde des affaires. Désormais, toutes les entreprises à travers s’attellent à uniformiser leur mode de fonctionnement.


 
 

À la question de savoir si la fondation Mo Ibrahim planche sur un Prix qui récompenserait les personnes s’illustrant dans la gouvernance économique en Afrique, son fondateur répond sans ambages :


« Non, pas encore. Mais il s'agit d'un gros projet que je souhaite voir se concrétiser. Nous risquons de nous heurter à des difficultés si l’on n’applique pas rapidement des pratiques de bonne gouvernance dans les conseils d’administration en Afrique. Nous scrutons très sévèrement les conduites liées à la problématique de la corruption. Il faut tenir compte du fait qu’il y ait, dans cette équation, la personne corrompue et le corrupteur, et qu'il faille donc analyser les choses des deux côtés [ ... ]. Évaluer la gouvernance dans la sphère entrepreneuriale est un impératif absolu » conclut Mo Ibrahim.


 

Par Harley McKenson-Kenguéléwa


 

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